So before I save someone else, I've got to save myself
Bonjour tout le monde,
Aujourd’hui, c’est un article inspiré de mon actualité la plus brûlante que je vous propose : je suis en ce moment même en pleine remise en question de certaines de mes relations, que j’ai toujours cru être saines et qui vacillent pourtant parfois du côté de la toxicité. J’aimerais énormément votre avis sur la question donc n’hésitez pas à réagir en commentaire ou en message privé sur Instagram !
Avant toute chose, un avant-propos s’impose : d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été celle qui donne trop. À vrai dire, j’ai toujours été celle qui est trop donc il est plutôt logique que cet engagement plein et entier, jusqu'au plus profond de ma chair, se diffuse également dans mes relations avec les Autres. Vous voyez, je suis celle qui vous offre des cadeaux sans raison particulière, qui planifie des surprises pour votre anniversaire des mois et des mois en avance, qui peut débarquer chez vous à quatre heures du matin parce que vous lui avez dit que vous ne vous sentiez pas très bien, qui vous donne tout sans compter ni son argent, ni son temps, ni son énergie, ni rien du tout : simplement partager, dans l’espoir de voir un petit sourire s’esquisser sur votre visage et un merci sur vos lèvres.
Tout cela a l’air bien idyllique de ce point de vue (qui n’a jamais rêvé d’avoir quelqu’un toujours aux petits soins et disponible, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, pour vous ?) mais en réalité, il se cache beaucoup de choses derrière tout cela, que je n’ai d’ailleurs pas encore fini d’explorer : ma quête de reconnaissance perpétuelle, mon syndrome du sauveur qui me détourne de mes problèmes pour m’occuper de ceux des autres, mon abnégation qui est aussi une négation de moi-même, tout cela a à voir avec des mécanismes plus ou moins inconscients, qui font que je cherche dans autrui un miroir qui me redonnerait un éclat, celui-là même que je n’arrive pas à trouver à l’intérieur de moi.
Mais laissons ces considérations aux psychologues et passons plutôt aux répercussions directes et matérielles. La première, que j’expérimente malheureusement tous les jours, est l’épuisement : vous n’imaginez même pas à quel point il est fatiguant de se creuser les méninges, de penser à ce qui peut faire plaisir à l’autre, de l’aider au point de s’oublier soi, de répondre toujours instantanément aux messages, de se demander en permanence comment améliorer son quotidien de quelque manière que ce soit, etc.
Nulle intention pour moi de me plaindre mais il en découle un problème très simple et pourtant si complexe : les attentes envers les autres. J’ai toujours eu des attentes démesurées envers tout le monde, et plus particulièrement ceux que j’aime : puisque je leur donne tout, pourquoi ne font-ils pas pareil ? Cela côtoie à certains égards une forme d’égoïsme (puisque le principe même d’un cadeau est de ne rien attendre en retour, pourquoi donc avoir des attentes ?), mais poussé à son paroxysme, il peut parfois être très difficile de donner et de constater qu’il n’y a aucun répondant de l’autre côté. Mais, en même temps, vous aimez tellement ces personnes que vous voulez à tout prix lui faire plaisir et donc vous vous entêtez, même si vous en souffrez silencieusement. Toute ma vie, j’ai l’impression que la balance de l’amour (à prendre dans son sens le plus large, celui d’un attachement profond, que ce soit en couple, en amitié ou en famille) a très sérieusement penché de mon côté et il est toujours périlleux de se balader ainsi sur le fil du rasoir, entre amour toujours entièrement donné et jamais intégralement partagé.
Les hypersensibles étant des personnes passionnées et engagées dans tout ce qu’elles entreprennent, même les choses les plus futiles, il est tout à fait logique qu’elles s’investissent à cent pour cent dans leurs relations avec Autrui. Le problème est que le référent n’est absolument pas le même pour une personne « normale » (encore que… qu’est-ce que la normalité ? Voilà une idée pour le prochain article) : elle aura l’impression de vous donner des torrents tumultueux d’amour alors que pour vous, c’est à peine quelques crachat épars. Et c’est très compliqué à appréhender dans la vie de tous les jours : accepter que les autres ne pensent et ne ressentent pas les choses de la même manière que nous. C’est pourquoi je pense (hypothèse personnelle et sujette à débats) qu’une relation, amicale, amoureuse, familiale ou même professionnelle, entre deux personnes hypersensibles a plus de chance de fonctionner qu’entre un.e hypersensible et un.e non-hypersensible car elles évoluent toutes deux dans le même « monde », composé de pensées et de doutes incessants, de passion et d’engagement à leur apogée, et peuvent donc mieux comprendre ce dont l’autre a fondamentalement besoin. Car le fondement même d’une relation n’est-il pas de ressentir et de combler, autant que faire se peut, les besoins de l’autre ?
C’est pourquoi l’une de mes chansons préférées de tous les temps est Save myself d’Ed Sheeran, qui est malheureusement beaucoup moins connue que d’autres.
Je vous transmets donc le lien et vous en conseille vivement l’écoute, elle est… bouleversante. Avec sa voix d’ange, il explique notamment qu’il a passé toute sa vie à donner sans compter aux autres, quitte à s’en rendre malade. La conclusion, simple en théorie et pourtant tellement compliquée en pratique, est donc qu’avant de vouloir sauver les autres, il s’agirait de se sauver soi, pour pouvoir entrer dans une relation saine avec autrui, n’attendant plus rien d’eux ou de soi mais évoluant à leurs côtés, plus sereinement et simplement.
Je suis intimement persuadée que la clé réside dans l’amour porté à soi mais tout cela est bien évidemment compliqué à atteindre et je ne suis pas la meilleure pour donner des conseils à ce sujet-là… Rendez-vous dans quelques années pour voir comment a évolué notre estime et notre appréciation de nous-mêmes !
N’hésitez pas à partager vos impressions, vos doutes, vos réactions, vos témoignages, à propos de ce sujet. Je me suis toujours demandé si j’étais seule dans ce cas (car je n’ai à ce jour jamais rencontré quelqu’un qui a su me donner autant que j’ai donné) ou si c’était un trait partagé par tous les hypersensibles donc dites-moi comment vous vivez la chose, je serai absolument ravie de me rendre compte que je ne suis pas seule dans cette (heureuse) galère !
Sensiblement vôtre,
Mademoizelle Personne