jeudi 11 février 2021

Au secours, je donne trop !

So before I save someone else, I've got to save myself


Bonjour tout le monde, 


Aujourd’hui, c’est un article inspiré de mon actualité la plus brûlante que je vous propose : je suis en ce moment même en pleine remise en question de certaines de mes relations, que j’ai toujours cru être saines et qui vacillent pourtant parfois du côté de la toxicité. J’aimerais énormément votre avis sur la question donc n’hésitez pas à réagir en commentaire ou en message privé sur Instagram ! 


Avant toute chose, un avant-propos s’impose : d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été celle qui donne trop. À vrai dire, j’ai toujours été celle qui est trop donc il est plutôt logique que cet engagement plein et entier, jusqu'au plus profond de ma chair, se diffuse également dans mes relations avec les Autres. Vous voyez, je suis celle qui vous offre des cadeaux sans raison particulière, qui planifie des surprises pour votre anniversaire des mois et des mois en avance, qui peut débarquer chez vous à quatre heures du matin parce que vous lui avez dit que vous ne vous sentiez pas très bien, qui vous donne tout sans compter ni son argent, ni son temps, ni son énergie, ni rien du tout : simplement partager, dans l’espoir de voir un petit sourire s’esquisser sur votre visage et un merci sur vos lèvres. 


Tout cela a l’air bien idyllique de ce point de vue (qui n’a jamais rêvé d’avoir quelqu’un toujours aux petits soins et disponible, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, pour vous ?) mais en réalité, il se cache beaucoup de choses derrière tout cela, que je n’ai d’ailleurs pas encore fini d’explorer : ma quête de reconnaissance perpétuelle, mon syndrome du sauveur qui me détourne de mes problèmes pour m’occuper de ceux des autres, mon abnégation qui est aussi une négation de moi-même, tout cela a à voir avec des mécanismes plus ou moins inconscients, qui font que je cherche dans autrui un miroir qui me redonnerait un éclat, celui-là même que je n’arrive pas à trouver à l’intérieur de moi. 


Mais laissons ces considérations aux psychologues et passons plutôt aux répercussions directes et matérielles. La première, que j’expérimente malheureusement tous les jours, est l’épuisement : vous n’imaginez même pas à quel point il est fatiguant de se creuser les méninges, de penser à ce qui peut faire plaisir à l’autre, de l’aider au point de s’oublier soi, de répondre toujours instantanément aux messages, de se demander en permanence comment améliorer son quotidien de quelque manière que ce soit, etc. 


Nulle intention pour moi de me plaindre mais il en découle un problème très simple et pourtant si complexe : les attentes envers les autres. J’ai toujours eu des attentes démesurées envers tout le monde, et plus particulièrement ceux que j’aime : puisque je leur donne tout, pourquoi ne font-ils pas pareil ? Cela côtoie à certains égards une forme d’égoïsme (puisque le principe même d’un cadeau est de ne rien attendre en retour, pourquoi donc avoir des attentes ?), mais poussé à son paroxysme, il peut parfois être très difficile de donner et de constater qu’il n’y a aucun répondant de l’autre côté. Mais, en même temps, vous aimez tellement ces personnes que vous voulez à tout prix lui faire plaisir et donc vous vous entêtez, même si vous en souffrez silencieusement. Toute ma vie, j’ai l’impression que la balance de l’amour (à prendre dans son sens le plus large, celui d’un attachement profond, que ce soit en couple, en amitié ou en famille) a très sérieusement penché de mon côté et il est toujours périlleux de se balader ainsi sur le fil du rasoir, entre amour toujours entièrement donné et jamais intégralement partagé. 


Les hypersensibles étant des personnes passionnées et engagées dans tout ce qu’elles entreprennent, même les choses les plus futiles, il est tout à fait logique qu’elles s’investissent à cent pour cent dans leurs relations avec Autrui. Le problème est que le référent n’est absolument pas le même pour une personne « normale » (encore que… qu’est-ce que la normalité ? Voilà une idée pour le prochain article) : elle aura l’impression de vous donner des torrents tumultueux d’amour alors que pour vous, c’est à peine quelques crachat épars. Et c’est très compliqué à appréhender dans la vie de tous les jours : accepter que les autres ne pensent et ne ressentent pas les choses de la même manière que nous. C’est pourquoi je pense (hypothèse personnelle et sujette à débats) qu’une relation, amicale, amoureuse, familiale ou même professionnelle, entre deux personnes hypersensibles a plus de chance de fonctionner qu’entre un.e hypersensible et un.e non-hypersensible car elles évoluent toutes deux dans le même « monde », composé de pensées et de doutes incessants, de passion et d’engagement à leur apogée, et peuvent donc mieux comprendre ce dont l’autre a fondamentalement besoin. Car le fondement même d’une relation n’est-il pas de ressentir et de combler, autant que faire se peut, les besoins de l’autre ?


C’est pourquoi l’une de mes chansons préférées de tous les temps est Save myself d’Ed Sheeran, qui est malheureusement beaucoup moins connue que d’autres. 



Save myself


Je vous transmets donc le lien et vous en conseille vivement l’écoute, elle est… bouleversante. Avec sa voix d’ange, il explique notamment qu’il a passé toute sa vie à donner sans compter aux autres, quitte à s’en rendre malade.  La conclusion, simple en théorie et pourtant tellement compliquée en pratique, est donc qu’avant de vouloir sauver les autres, il s’agirait de se sauver soi, pour pouvoir entrer dans une relation saine avec autrui, n’attendant plus rien d’eux ou de soi mais évoluant à leurs côtés, plus sereinement et simplement. 


Je suis intimement persuadée que la clé réside dans l’amour porté à soi mais tout cela est bien évidemment compliqué à atteindre et je ne suis pas la meilleure pour donner des conseils à ce sujet-là… Rendez-vous dans quelques années pour voir comment a évolué notre estime et notre appréciation de nous-mêmes ! 


N’hésitez pas à partager vos impressions, vos doutes, vos réactions, vos témoignages, à propos de ce sujet. Je me suis toujours demandé si j’étais seule dans ce cas (car je n’ai à ce jour jamais rencontré quelqu’un qui a su me donner autant que j’ai donné) ou si c’était un trait partagé par tous les hypersensibles donc dites-moi comment vous vivez la chose, je serai absolument ravie de me rendre compte que je ne suis pas seule dans cette (heureuse) galère ! 


Sensiblement vôtre,


Mademoizelle Personne


mercredi 20 janvier 2021

Une histoire d'éponges

Une histoire d’éponges


« Vous êtes une éponge à émotions » : voilà une remarque que l’on m’a faite il y a de cela quelques mois et qui résonne beaucoup en moi, aujourd’hui plus que jamais. Outre l’aspect peu ragoûtant et attrayant de l’objet, être hypersensible, c’est bel et bien cela : se gorger des émotions des autres comme si elles étaient siennes. Cela peut mener à toutes sortes de situations, épouvantables, merveilleuses et parfois cocasses. Je me rappelle ce jour où une personne qui m’est très chère avait lâché au détour d’une phrase « j’évite le sucre en ce moment, j’ai quelques problèmes de santé ». Ces simples mots, que la plupart des personnes oublieraient sur le champ et classeraient dans le tiroir réservé aux choses futiles, m’ont hantée toute la journée. Chaque seconde, je me demandais ce qu’il avait, si c’était grave, ce que cela impliquait, ce qu’il allait devenir, s’il allait s’en sortir : j’ai dû élaborer une centaine de scenarii, tous plus improbables et terrifiants les uns que les autres. Alors, je suis venue le voir, avec ma voix apeurée et mes yeux inquiets, pour lui demander s’il allait bien et lui dire que je m’inquiétais pour lui. Il a ri gentiment en me disant qu’il allait très bien et qu’il n’y avait là absolument rien de préoccupant. Je me suis sentie un peu bête d’avoir réagi ainsi mais surtout, j’ai pu respirer normalement, pour la première fois depuis des heures. 


Des anecdotes comme celles-ci, j’en ai des dizaines et des dizaines : ma tête a la fâcheuse tendance d'’inventer mille histoires catastrophes, surtout quand il s’agit des personnes que j’aime. Si j’ai utilisé ce petit détour personnel, c’est pour souligner l’un des pouvoirs dont disposent les hypersensibles (car oui, il s’agit d’un pouvoir dont il s’agit justement d’exploiter toute la puissance et la portée) : cette capacité à ressentir toutes les émotions puissance 1000, même et surtout celles des autres. La moindre plainte va nous inquiéter, la moindre fierté va nous enthousiasmer, la moindre douleur va nous faire pleurer, la moindre sensation va nous faire vibrer. Et figurez-vous que c’est une chance immense ! 


Vous vous en doutez, tout cela a bien des conséquences, sur la vie de tous les jours et de tous les instants. Ils sont tout d’abord négatifs : s’inquiéter pour un rien, tout intellectualiser en des scenarii scabreux qui ne se déroulent jamais comme dans notre tête, être taxé d’alarmiste ou de drama queen, se sentir envahi par les pensées et les souffrances qui s’additionnent à celles s’agitant déjà à l’intérieur notre crâne, tout cela est franchement épuisant. L’un des points les plus pénibles de cette stimulation permanente est certainement une incapacité viscérale à se détacher de ces émotions : en réalité, c’est précisément parce que nous sommes des éponges que nous ne parvenons pas à passer l’éponge. C’est d’ailleurs l'une des raisons pour lesquelles l’hypersensible a parfois (souvent) besoin de se recentrer sur soi, loin des Autres et du monde : les interactions sont de telles explosions de sentiments et de sensations qu’ils préfèrent se retirer avant d’éclater en une migraine affreuse ou en de sanglots terribles. 


Mais, bien évidemment, cela comporte des points positifs, qui peuvent être merveilleux s’ils sont exploités comme il faut. L’hypersensible est bien souvent indigné par l’injustice, sous toutes ses formes : la souffrance d’autrui étant tellement palpable et insupportable, il va s'engager et donner tous ses efforts et son temps pour tenter de l'éradiquer, ou du moins la limiter. C’est pourquoi les hypersensibles sont souvent des personnes engagées : que ce soit l’écologie, le féminisme, l'anti-racisme ou n'importe quelle autre lutte, l’hypersensible va s’employer à réduire les injustices régissant le monde, à son échelle. Cette capacité d’écoute et de bienveillance fait également de lui un bon ami, une épaule sur laquelle pleurer, une présence sur laquelle compter, un être auquel se confier : puisqu’en écoutant sa meilleure amie sangloter sur son chagrin d’amour, se plaindre de la tonne de travail accumulée ou se féliciter d’avoir réussi je ne sais quel exploit, il les vit jusque dans son coeur et sa chair, il peut les conseiller, les épauler et les soulager mieux que quiconque. Les hypersensibles sont dotés d’une extraordinaire empathie et, dans un monde d’égoïsme et d’individualisme, c’est une véritable mine d’or, croyez-moi.


Et vous, comment vivez-vous votre statut d’éponge ? Dites-moi tout ça en commentaires ! 


Sensiblement vôtre, 


Mademoizelle Personne

samedi 16 janvier 2021

Aux larmes, citoyen.ne

« Les paroles, que sont-elles ? Une larme en dira plus. » 


Quoi de mieux pour inaugurer cet article qu’une citation qui résonne en moi depuis maintenant deux ans ? Cette phrase, d’une simplicité et d’une justesse foudroyantes, provient du superbe essai de Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, au cœur duquel il livre un « éloge des larmes » assez poignant, dont je vous recommande chaleureusement la lecture. Il y explique notamment le pouvoir libérateur et cathartique des larmes, qui permettent d’exprimer la vérité la plus profonde qui soit, celle qui provient des entrailles et qui bouleverse votre être tout entier : « Par mes larmes, je raconte une histoire, je produis un mythe de la douleur, et dès lors je m'en accommode : je puis vivre avec elle, parce que, en pleurant, je me donne un interlocuteur emphatique qui recueille le plus « vrai » des messages, celui de mon corps, non celui de ma langue. » 


Assez cliché de commencer une réflexion sur l’hypersensibilité en abordant les larmes, me direz-vous : être hypersensible, c’est tellement plus que vider des boîtes et des boîtes de mouchoirs pour des choses qui ne font qu’effleurer les Autres. Et pourtant, dans mon cas, c’est bel et bien cela qui m’a toute ma vie torturée, qui a rendu perplexe tout mon entourage, moi la première : ma capacité à pleurer pour un rien. Il suffit que quelqu’un hausse la voix, qu’une situation m’embarrasse, que l’on me fasse une critique, qu’une personne touche une corde sensible ou simplement que je sois débordée par les aléas de la vie, pour que des larmes se mettent à envahir mes yeux. J’ai longtemps considéré cela comme une faiblesse, un témoignage criant de mon immaturité émotionnelle (vous savez, ces « mais enfin, t’as aucune raison de pleurer, faut grandir hein ! ») : pendant des années, j’ai caché toutes ces émotions à fleur de peau sous des couches de dédain, d’indifférence, voire d’agressivité. Puisque ma sensibilité dérangeait tant, j’allais donc devenir insensible. Puisque mon expression lacrymale dérangeait tant, j’allais donc devenir silencieuse. Je les ai tellement méprisées, décriées, détestées, ces larmes, si vous saviez. 


Mais aujourd’hui, j’ai plutôt envie de les embrasser, de les recueillir dans le creux de mes paumes tremblantes et de leur dire que ça va aller. Dans un temps où la dictature du bonheur nous asservit à être tout le temps positifs, à enfouir nos contrariétés et nos peurs dans un jardin dont personne d’autre que nous n’a la pelle, parce que « voyons, souris un peu, la vie est belle », je suis, chaque jour un peu plus, une militante des larmes. Cessons de stigmatiser les hommes qui pleurent, parce que cela entacherait leur virilité, qui doit bomber le torse et bander les muscles. Cessons de juger les femmes qui sanglotent pour quelque chose que vous estimez parfaitement futile et qui a pourtant tellement de sens pour elles. Cessons de dissimuler nos larmes sous des masques de sourires mensongers. Si vous ressentez le besoin de pleurer, serait-ce au beau milieu d’un repas de famille, d’un entretien d’embauche, d’une dispute amicale, d’un film d’animation ou d’un rendez-vous amoureux, faites-le. Vous avez le droit de ne pas aller bien, de souffrir, de vous exprimer, de le dire à votre façon, de réagir comme vous l’entendez. « Tu surrréagis », « tu en fais trop », « tu prends tout trop à cœur » : toutes ces expressions, que vous avez certainement déjà entendues si vous êtes hypersensible, supposent le dépassement d’une certaine limite. Or, celle-ci est purement arbitraire, fixée aléatoirement par les Autres, selon leurs propres ressentis, leurs propres émotions et leur propre vécu : ne laissez jamais personne fixer vos propres limites. Vous êtes le seul à pouvoir définir l’étendue de votre peine, de votre joie, de votre chagrin, de votre bonheur, de votre existence, de votre sensibilité. Et si elle est infinie, tant mieux... cela fait plus d’espace à étreindre !  



Mademoizelle Personne

jeudi 14 janvier 2021

L'hypersensibilité et moi

Je ne pouvais pas inaugurer ce blog autrement qu’avec un article sur l’hypersensibilité, l’immense malheur et l’infini bonheur de ma vie. Je ne vais pas détailler ici les signes qui prouvent que vous êtes une personne hypersensible ou non, tout simplement car je ne prétends pas détenir la liste exhaustive des innombrables nuances de l’hypersensibilité : vous trouverez des milliers de sites Internet ou de personnes de chair et d’os qui vous éclaireront bien mieux que moi. Cet article est donc un tracé de mon parcours, dans toutes ses sinuosités et ses difficultés. 


D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie différente, à part : perdue dans un monde qui semblait ne pas vouloir de moi, un monde dans lequel je tentais tant bien que mal de me mouler, sans voir que mes efforts étaient parfaitement vains. J’étais la petite fille effacée, celle qui a peur de parler et à qui l’on a peur de parler, l’enfant qui pleure à la moindre dispute, critique ou contrariété, celle qui prend tout trop à cœur et à tripes, la gamine qui recherche désespérément de l’amour et qui n’en reçoit jamais assez, celle qui n’arrive pas à nouer des liens avec les Autres, qu’elle admire autant qu’elle méprise. Ce fut source d’un grand mal-être, si viscéralement lié à ma personnalité que je n'imaginais pas un seul instant que d’autres personnes pouvaient ressentir la même chose. 


Et puis est arrivé ce 11 avril 2019, date de sortie de la vidéo d’une youtubeuse que j’admire beaucoup et que vous connaissez certainement : Emy Ltr. Une soirée de printemps, j’ai lancé cette vidéo, sans savoir dans quoi j’allais précipiter mon existence : chaque mot, chaque émotion, chaque seconde, chaque sensation, j’avais l’impression que c’était moi qui les exprimais. Je n’étais donc pas seule. Cette souffrance, cette fragilité, cette force, cette singularité, ce pouvoir, d’autres personnes que moi les ressentaient ? J’en suis restée foudroyée, comme si l’on venait de me tendre un miroir et que je pouvais enfin m’y contempler, après des années de cécité. Je vous partage le lien de cette vidéo car c’est une véritable pépite qui permettra, je l’espère, de vous éclairer sur ce que l’on considère trop souvent comme une fragilité et qui est en réalité une force extraordinaire. 


L'hypersensibilité : le pouvoir des super héros. - YouTube

L'hypersensibilité : le pouvoir des super héros. - YouTube

Depuis, je ne cesse de me renseigner sur les hypersensibles, via des posts Instagram, des vidéos Youtube ou des sites Internet, et je découvre chaque jour des spécificités qui me donnent la chaleureuse impression d’être enfin comprise. J’essaie d’expliquer à mes proches la souffrance que je traverse au quotidien, la bienveillance dont ils devraient faire preuve même quand ils ne comprennent pas mes réactions ou mes ressentis, la richesse que cette spécificité peut me procurer malgré tout. C’est un combat de tous les jours, d’une violence et d’une beauté rares. C’est ce combat que j’ai envie de partager avec vous, à travers de (plus ou moins) courts articles traitant des aspects les plus saillants de mon hypersensibilité, allant de la relation avec les Autres au rôle salvateur des larmes en passant par le pouvoir destructeur et réparateur des mots. Cela n’engage bien sûr que moi mais j’espère que vous saurez vous y reconnaître, comme j’ai pu le faire il y a maintenant presque deux ans. 


À bientôt pour de nouvelles aventures, 


Mademoizelle Personne

mercredi 13 janvier 2021

Une curieuse (re)naissance

Aujourd’hui, nous sommes le 13 janvier 2021. Apparemment, comme j’ai pu le découvrir en faisant glisser mon pouce sur l’écran de mon téléphone maculé de taches et de traces, il s’agit de la journée nationale de l’hypersensibilité. Je me suis donc dit que c’était une heureuse idée de la faire coïncider avec la date de naissance de mon enfant de mots et de maux. Pour être totalement honnête avec vous, cela fait des mois que je songe à créer un blog, afin d’y partager mes états d’âme, mes émois, mes passions, mes doutes et mes émotions, mais quelque chose m’a toujours retenue : un frein, situé entre la peur du rejet et l’effroi du ridicule, la certitude de ne pas être légitime à ressentir et exprimer tout cela. Après tout, qui suis-je pour parler de féminisme, d’hypersensibilité, de mal-être et d’écriture, du haut de mon petit âge et de ma grande taille ? Personne. Peut-être est-ce alors pour cela que je dois le faire : pour prouver qu’être personne, c’est aussi et surtout être tout le monde, traverser les mêmes hauts et les mêmes bas, les mêmes joies et les mêmes galères, les mêmes rires et les pleurs. 


Tous ces longs discours sont bien beaux mais qu’en est-il de la réalité ? Que va-t-elle nous proposer, cette inconnue avec ses grands airs ? Je n’ai pas envie de me lancer dans la déclaration d’un long programme, digne d’un candidat aux élections présidentielles : pas de promesse, de serment ni même de contrat, donc. Simplement mon authenticité et ma sincérité, un résumé de ma personnalité dans tout ce qu’elle a de plus complexe. Néanmoins, rassurez-vous, je ne vais pas parler, fort égoïstement, de moi, bien au contraire. Mon plus grand accomplissement serait de créer une communauté de partage et de bienveillance, une sorte de lueur au cœur de la nuit que nous traversons toutes et tous à un moment de notre vie, plus ou moins longuement, plus ou moins difficilement. J’aborderai donc les thèmes de l’hypersensibilité et de toute la souffrance et la richesse qu’elle peut impliquer, du féminisme et de toute la lumière et la peur qu’elle peut provoquer mais aussi de tout ce qui fait le sel même de ma Vie : l’amour, la littérature, l’écriture, les séries, les voyages, et tant de choses qui font de moi la personne que je suis aujourd’hui et que je serai demain. Vous trouverez donc, au cœur de ce grand et (pas toujours) joyeux bazar, des réflexions, des indignations, des témoignages, des révélations, des discussions, des débats, des critiques, des réactions, des coups de gueule, des coups de cœur, et bien d’autres choses encore… 


Je vous souhaite donc la bienvenue dans ce terrain miné et mouvementé et espère de tout mon petit cœur cabossé que vous serez à mes côtés dans ce curieux voyage ! 


Mademoizelle Personne